Critique ciné: "Everything Everywhere All at Once"

Mère de famille prise entre plusieurs problèmes, Evelyn Wang va voir sa vie et celle de ses proches bousculée le jour où elle découvre que des réalités alternatifs existent, et qu'elle est le seul rempart contre une menace poursuivant son chemin d'un univers à l'autre...

Alors que le concept de "multivers" se décline à foison dans la pop-culture actuelle, dans sa version la plus réductrice comme la plus corporate, un tandem de trublions parrainés par la boie A24 s'est mis en tête de donner corps à leur version de la chose, contre vents et marées, contre les diktats de l'entertainement actuel. Attendu à plus d'un titre et précédé d'un accueil chaleureux dans sa contrée d'origine, "Everything..." vient donner un joyeux souffle de folie et d'émotion au cinéma de genre. Oeuvre métisée, barge, libre et libérée, le film des Daniels, clippeurs de l'absurde - ne doit pas être uniquement jugé à l'aune de ses audaces formelles et son quart d'heure introductif éffrené. Le film est une déclaration sincère de cinéma, dont le capharnaüm révèle bientôt les trouvailles visuelles et scénaristiques du tandem, et dont les multiples digressions multiverselles sont tout autant de portes à des interprétations délicieuses. Mais surtout, le film propose un message à contre-courant, où l'empathie se joue du nihilisme, où l'amour se pose en rempart contre la détresse existentielle. Une prise de position presque blasphématoire dans un monde où le ricanement et le dynisme précèdent parfois toute volonté d'implication véritable. Autant d'énergie, d'idée et de coeur, font un bien fou.

En bref: Objet filmique hors normes, libre et libéré, aussi chaotique qu'empathique, "Everything Everywhere All At Once" est un grande rendez-vous de cinéma populaire, généreux, créatif et barré qui ne peut laisser indifférent. Ce serait dommage de passer à côté d'un des films les plus originaux de la décennie!

Note: 15/20