Critique ciné: "Dheepan"
Des survivants d'un conflit civil éclatant au Sri Lanka partent en France pour y trouver refuge. Se faisant passer pour une famille, les immigrants tentent de s'adapter à la précarité lorsqu'ils s'installent dans une banlieue...
Après avoir reçu suffisamment d'éloges et de récompenses pour couronner une génération entière de cinéastes, ce n'est presque plus une surprise de constater quel chaque nouvel opus filmique de Jacques Audiard transcende les louanges du précédent. A raison, car il s'est imposé depuis longtemps comme l'un des réalisateurs les plus essentiels du paysage français. Avec "Dheepan", Audiard frappe donc encore un grand coup, livrant un portrait de personnages aussi désarmant que glaçant. C'est un trio d'individus déboussolés et angoissés que l'on suit pendant tout le film, rendant l'atmosphère déjà anxiogène du métrage encore plus palpable. Subissant de nombreux compromis et moult humiliations, ils doivent ranger leur fierté au placard et s'adapter à un système qui les rejète en bloc. Encore une fois, Audiard tire de son casting une interprétation prenante, relevé par quelques pointes d'humanité servies avec autant de tact. Si l'on peut pardonner l'habituelle stigmatisation de la banlieue, on pardonne un peu moins le final d'un troisième acte non seulement brouillonn et inesthétique, ce qui tranche avec les intentions de départ, mais qui condamne aussi notre nation en terme de terre d'accueil. Un parti pris scénaristique très moyen qui plombe un parcours quasi-sans faute. Avec un sujet toujours aussi d'actualité, difficile de nier la puissance évocatrice d'un pareil métrage.
En bref: "Dheepan" relate le parcours d'immigrés d'individus arrachés à leur racines, ayant troqué la terreur de la guerre civile pour celle de la jungle urbaine... Un drame humain sombre et puissant, porté par des comédiens criants de vérité et une mise en scène apre et juste. A voir.
Note: 15/20