Critique ciné: "La vie revée de Walter Mitty" + "Homefront" + "Tel Père, Tel Fils"

Employé au département photos du prestigieux magazine "Life", Walter Mitty, quarantenaire fréquemment perdu dans ses rêves, se retrouve dans une situation fort contrariante, lorsqu'il recoit les dernières photos de Sean O'Connell, reporter globe-trotter casse-cou. Mais la photo le plus importante du tirage manque, et Walter met tout en oeuvre pour mettre la main dessus...

Film plutot étrange venant d'Hollywood, le dernier film de Ben Stiller après le puissant "Tonnerre sous les Tropiques" semble etre le mariage presque parfait entre comédie à vocation populaire et métrage aux intentions vaguement auteristes. Le pitch intéressant promettait déjà beaucoup, et ne décoit pas: ce récit initiatique d'un homme perdu dans ses songes, se muant en aventure "bigger than life", fonctionne grace à au traitement réussi de ses personnages, à sa retenue comique et ses quelques moments de beauté contemplative. A l'inverse des comédies qu'il tourne habituellement, Stiller compose un protagoniste sobre, à l'imaginaire débridé certes (gimmick visuel qui aurait pu devenir fatiguant à la longue), mais jamais vulgaire ni hystérique, un joyeux bonhomme calibré pour s'attirer la sympathie du spectateur. Et ses péripéties, tout à tour périlleuses et inventives, participent à une quete spirituelle qui ne s'emcombre ni de morale ni d'un message universel assené lourdement. Une très, très bonne surprise dans le genre.

Ancien agent des Stups ayant raccroché après une dernière mission dangereuse, Phil Broker s'est installé en Louisiane, ou il tente de vivre paisiblement avec sa fille Maddy. Une simple altercation à l'école de cette dernière va vite déranger le cours de leurs existences...

Dans le genre des films dont on voit venir les ficelles à cent mètres, "Homefront", grosse série B tournant autour des réglements de comptes, se pose là, réussissant à délivrer quelques séquences d'action avec une efficacité correcte. Sur un script signé Stallone (surprise!), Jason Statham ne sort pas de son registre habituel, toujours à l'aise dans l'art de la tatanne brutale, mais tente d'ajouter une corde à son arc en incarnant un papa poule. Pas de quoi le sortir du typecasting dans lequel on l'engonce depuis "Le Transporteur", mais il y'a de l'éffort. Et les méchants du film menés par James Franco, toujours à l'aise dans les roles de cinglés, vont tous methodiquement bouffer du plomb et avaler leur dentier. Rien de nouveau sous les cocotiers donc, reste un divertissement bien réac à recommander pour un samedi soir.

Ryota et Midori sont les heureux parents de Keita, six ans. Ryota, pris par son métier dans l'architecture, tente de combler ses absences en essayant d'etre un père modèle. Tout prend une tournure terrifiante lorsque le couple apprend que Keita n'est pas leur enfant biologique. Echangé avec un autre bébé dès leur naissance, leur fils vit au sein de la modeste famille Saiki, avec laquelle ils vont apprendre à vivre...

Connu et adoubé par la critique pour ses drames réalistes, le réal japonais Hirokazu Kore-Eda surprend à chaque film, confirmant qu'il est l'un des auteurs les plus importants de sa génération. Avec "Tel Père, Tel Fils", très justement auréolé au dernier Festival de Cannes, il ausculte de nouveau la sphère familiale de ses contemporains, s'attaquant ici au thème de la filiation et de l'éducation. Si son pitch peut faire penser à "La Vie est un long fleuve tranquille" d'Etienne Chatillez, la comparaison s'arrete là:  le film est un roller-coaster émotionnel peu comparable à d'autres, porté par des comédiens incroyablement naturels et l'apparente simplicité d'une mise en scène jamais calculée, toujours près de ses personnages, épousant les turpitudes d'un récit hautement crédible et jamais misérabiliste. Un très beau film.

En bref: Comédie créative faite avec les tripes, "La vie revée de Walter Mitty" surprend agréablement. Le petit miracle filmique de Ben Stiller fonctionne grace à son casting réussi et au traitement ludique et maitrisé de son script. Enfin une comédie dans le giron des productions actuelles qui n'a pas besoin de blague grasse pour décoller, et qui convoque l'imaginaire de son audience...Superbe!

Note: 16/20

En bref: "Homefront", gros vigilante movie bourrin farci de séquences émotion, tient à peu près la route. Statham assure la grosse partie du spectacle, mais on aurait aimé plus de profondeur et d'originalité. A réserver aux amateurs, donc.

Note: 13,4/20

En bref: Kore-Eda observe le microcosme familial nippon avec tact et pertinence dans "Tel Père, Tel Fils". Son nouveau drame réaliste évite tous les travers de son sujet casse-gueule, et propose l'une des expériences émotionnelles les plus frappantes du cinéma actuel. Un tour de force à échelle humaine hautement louable.

Note: 15,6/20

Comments

[2flicsamiami]

J'vais voir Homefront demain. Je repasserais à ce moment pour te livrer mes impressions :)