Critique ciné: "Looper"

Dans le futur, la machine à voyager dans le temps existe, mais son utilisation est illégale. Au mains de puissantes organisations criminelles, le dispositif sert à envoyer des témoins génants dans le passé pour les tuer et effacer toute trace de leur existence. Les porte-flingues chargés d'éliminer ces géneurs du passé sont nommés "Loopers". Joe est un de ces jeunes loubards employés par la pègre locale pour plomber régulièrement des envoyés du futur. Mais tout bascule lorsqu'il se rend compte que sa nouvelle cible se trouve etre lui-meme...

Avec son point de départ captivant: etre son propre assassin, "Looper" était attendu depuis son annonce comme la nouvelle pépite de la SF moderne. Assumant à fond ses multiples influences, de la littérature cyber-punk en passant l'animé, le long-métrage du réalisateur/scénariste Rian Johnson est ambitieux sur le papier, mais comporte son lot de tares inhérentes aux genre. Fonder un récit sur le voyage temporel est déjà casse-gueule dans le principe, beaucoup s'amuseront donc à décortiquer les incohérences d'une intrigue jamais avare en rebondissements, mais forcément trufée de quelques hics; ce qui sera l'occasion pour certains cyniques de démonter la validité scénaristique d'un tel postulat. Et si le cinéaste se met quelque fois une balle dans le pied lors de scènes involontairement droles, le ton du film et son travail sur l'atmosphère futuro-déglinguée sont suffisamment réussis dans l'ensemble pour éclipser ces quelques travers. Le tout donne lieu à un face-à-face jubilatoire et intense entre un Bruce Willis en mode Terminator Senior et un Joseph Gordon-Levitt fringant mais affublé d'une prothèse nasale qu'il semble devoir constamment remettre en place. Rythmé, sombre et diabolique, le film est un authentique divertissement d'anticipation paranoiaque.

En bref: "Looper" a beau ne pas etre le film étourdissant d'ingéniosité qu'on se plait à nous vendre, il demeure tout de meme un remarquable essai dans le genre. Un modeste et honnete blockbuster visiblement nourri des influences d'un cinéaste prometteur, dosant des bonnes idées dans sa mise en scène, toujours au service d'un script imparfait certes, mais drolement bien pensé. Ca déménage!

Note: 15,8/20