Critique ciné: "Le Jour des Corneilles" + "Stars 80"

Un jeune enfant chauve et agile se déplace dans les bois. Depuis toujours, il survit au coeur d'une foret paisible, loin de la civilisation. Son père, montagne imposante de muscles barbue, l'a mis en garde pendant des années sur les dangers du monde extérieur. Le jour où ce dernier se blesse gravement à la jambe un soir d'orage, l'enfant doit trainer la carcasse imposante de ce dernier hors de la foret, à la recherche de quelqu'un pour le soigner, ce qui veut dire en définitive, sortir des limites de la foret...

Très jolie surprise issue du petit monde de l'animation française, "Le Jour des Corneilles" surprend non seulement par sa patte graphique naturaliste et son animation fluide, mais surtout par une mise en scène qui change radicalement de la plupart des productions de cet acabit. Narré avec une maturité et un sens du timing désarmants, ce périple initiatique d'un jeune garçon s'ouvrant à la vie civilisée évite les travers comiques embarassants et la caractérisation primaire, et semble convoquer par moments la fantaisie enchanteresse d'un Miyazaki et la fatalité inéluctable d'un Don Bluth. Au coeur de ce récit joliment travaillé, on découvre une relation père-fils très spéciale et une philosophie quasi-animiste, et une belle galerie de personnages qui ont du relief, gratifiés de pointures au niveau vocal. Voici la bonne occasion d'emmener ses enfants voir un film d'animation qui les enrichira davantage à la sortie du cinéma.

Vincent et Antoine sont potes depuis toujours et partagent les memes galères. La dernière en date fait mal: leur petite boite de spectacle de sosies au rabais commence à dériver sévère. Et ca chauffe les oreilles à leur banquier qui commence à en avoir ras la casquette de deux zigotos qui enquillent les chèques sans provision. C'est bientot l'heure de remballer les strass et le toutim, quand en dépoussièrant une valise pleine de vinyls tubesques des 80s, le duo trouve l'idée du siècle: organiser une tournée phénoménale rassemblant les icones musciales de la décade, anciennes stars du Top 50...

Décidément, le cinéma fait la part belle aux réunion dantesques ces temps-ci. Après "The Expendables" et "The Avengers", c'est une autre belle brochette de titans qui s'amène sur grand écran. Les vedettes déchues prennent leur revanche et partent réveiller la France à coups de tubes dansants sortis tout droit de la décade de la décadence. Et qui mieux que deux acteurs has-been comme Richard Anconina et Patrick Timsit pour gérer les égos de has-been. Pensé comme une blague entre potes et filmé comme un long clip d'une heure et demie, "Stars 80" enchaine les séquences intimistes mielleuses, la gaudriole de bas-étage et les numéros musicaux péchus, animés par des étoiles d'hier que les moins de vingt ans ne vont pas reconnaitre. Tout cela serait imbuvable si le casting n'avait pas fait l'éffort d'une grosse dose d'auto-dérision, rendant pour le coup ce road-trip mi-figue mi-raisin un peu plus tolérable. La dernière grande folie de Thomas Langmann et son complice Frédéric Forestier nous laisse avec un constat amer mais cependant valide: c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs soupes. Et les mélodies au synthé d'antan auront toujours plus de gueule que les niaiseries lénifiantes que l'industrie du disque nous pond toujours plus chaque année.

En bref: Film d'animation aussi beau que bien pensé, "Le Jour des Corneilles" dépeint une relation hors-normes entre un père et son fils ainsi que l'émancipation de ce dernier. Un récit poétique sur le rapport de l'homme à la nature et la dualité entre vie et mort, sans sermon ni over-dramatisation, qui traite son sujet et ses personnages avec intelligence et sensibilité. Un lon-métrage d'animation simple et sincère, qui mérite l'attention d'un public extra-large. Un film qui fait du bien.

Note: 16,4/20

En bref: Chant d'amour aux mélodies d'une décennie créative et innocente, "Stars 80", sorte de"Blues Brothers" franchouillard, convoque la fibre nostalgique et invite le public à se déhancher (de nouveau) sur des tubes intemporels. Beuacoup de son qui déchaine, de rigolade infantile et de bons sentiments déogulinants. Ca part d'une bonne intention, on se marre deux ou trois fois, mais il en faut plus pour en faire du cinéma.

Note: 12/20