Critique ciné: "J'ai perdu mon corps"

Une main douée de vie traverse Paris à la recherche de Naoufel, jeune homme et accessoirement propriétaire du membre sectionné...

Film d'animation concu pour toucher un public ado/adulte, "J'ai perdu mon corps" de l'émérite auteur Jérémy Clapin est une proposition de cinéma comme on aimerait en voir plus souvent, un bol d'air graphique et narratif qui, malgré un accueil triomphal au dernier festival d'Annecy, doit compter sur sa singularité salvatrice pour s'imposer face aux grosses machines qui dominent actuellement les multiplexes. A la fois récit de jeunesse touchant et survival urbain d'une éfficacité troublante, le métrage navigue entre deux facettes difficilement conciliables de prime abord, mais dont les points de rencontre forment un tout aussi cohérent qu'émotionnellement puissant. Donnant tout dans l'épure d'un graphisme à l'animation volontairement saccadée et une mise en scène au cordeau qui emprunte autant au teen movie qu'au cinéma horrifique, Clapin signe une oeuvre viscérale et terriblement douce-amère, où la fragilité de l'homme comme de ses (dé)connexions avec autrui est mise en exergue avec une acuité rarement vue dans le domaine. Chapeau!

En bref: Film d'animation viscéral, cathartique et empreint d'une touche de poésie urbaine, "J'ai perdu mon corps" est une expérience cinématographique unique, où l'épure du graphisme soigné et d'une narration maline se conjuguent pour accoucher d'un joli film profondément humain. Une petite bombe qui mérite définitivement votre attention de cinéphile!

Note: 15/20