Critique ciné: "Glass"

Le chemin de trois hommes, possédant des capacités hors du commun, vont se confronter , alors qu'une psychiatre tente de les convaincre que leurs pouvoirs ne sont que des figments de leur imagination. Pourtant, Kevin, l'homme aux personnalités multiples, Elijah, génie aux os de verre , et David, possédant une force surhumaine, sont tout sauf des menteurs...

Après "Split" et son twist implacable, on ne pouvait attendre qu'avec moult trépignements la suite que son autrefois célébré auteur concotait. Cloturant une trilogie démarrée avec "Incassable" il y'a dix-neuf ans, le réalisateur signe avec "Glass" un thriller de haute volée, dont la dimenson méta ajoute de la brillance à un script tendu ponctué d'usuels twists retors. En effet, avec son "univers étendu" à lui, Shyamalan aurait pu signer la recette Marvel en plus de tirer à boulets rouges sur le mastodonte de l'entertainment. Mais l'homme, plus roublard que ça, préfère, à la façon de son mal-aimé "La Jeune Fille de l'Eau", livrer à une déclaration d'amour sincère aux univers de fictions et à leur puissance mythologique, croyant en leur pouvoir de vecteur d'émotions et de messages humanistes. Shyamalan, à l'inverse du cynique qui décortique tout pour trouver du sens dans ce qui ne le demande pas, refuse le cartésianisme borné de ses contemporrains, et répond à ce cynisme rampant par son usuelle maitrise de l'image et de la montée du suspens. Et bien que l'ensemble ne soit pas d'une grande subtilité, on ne lui enlèvera pas cette louable note d'intention, trop arre et précieuse à un temps où Hollywood commodifie les univers pour n'en livrer la plupart du temps que des coquilles vides. Chapeau.

En bref: Pied-de-nez au film de comic-book moderne, mais vrai éloge à l'imaginaire comme manifeste de la puissance humane, "Glass" impose définitivement le retour du maîte Shyamalan, qui nous gratifie pour le coup d'un film émotionellement prenant, roublard et formellement abouti. Imparfait certes, mais traversé de bonnes intentions et de la patte d'un auteur en pleine possession de ses moyens!

Note 15,5/20