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Kapalsky
22 mai 2018

Critique ciné: "L'Homme qui tua Don Quichotte"

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Lors du tournage d'une adaptation de Don Quichotte, son réalisateur, le jeune Toby, décide de revenir sur les traces d'un cordonnier auquel il avait donné le rôle des années auparavant. Le vieil homme, totalement dans la peau du personnage, va emmener l'artiste dans une quête incroyable, au-delà de tout ce qu'il aurait pu imaginer...

Nombreux sont les projets de films abandonnés ou non-produits, chimères de cinéma réputées inadaptables en raison de budgets pharaoniques, d'accidents de tournages ou d'egos d'artistes surdimensionnés. Dans la liste des arlésiennes d'anthologies, le "Don Quichotte" du non moins légendaire Terry Gilliam, réalisateur grande gueule mais artiste intègre et frondeur, figure haut dans le classement. Fasciné par les figures excentriques de marginaux aux idées radicales, du baron de Munchausen en passant par l'halluciné Hunter S. Thomson, l'ex-Python n'a eu de cesse de nourrir sa vision des aventures de son avatar ultime pendant plus de trente ans. Les nombreuses galères lors de la mise en chantier de ses aventures survenues ont été documentées dans le très bon "Lost In La Mancha", et on aurait pu croire qu'une telle expérience aurait définitivement refroidi le bonhomme. C'est mal connaitre ce vieux briscard têtu comme une mule. Enfin mis en boite et distribué dans les salles, ce "Don Quichotte" n'est bien sûr pas une adaptation stricto-senu du classique littéraire de Cervantes, mais une intérprétation libre et moderne, dans laquelle Gilliam déploie comme à son habitude un imaginaire débridé en rempart à la bêtise d'un monde cynique, ainsi qu'une charge caustique contre les devoyeurs des pensées libres et de l'art en général. Certains peu coutumiers de son cinéma pourront pester contre la tonalité tragi-comique, le ridicule assumé et les partis pris esthétiques de l'auteur, et d'autres contre un troisième acte qui tire un peu trop en longueur. Mais dans la mesure où son cinéma donne dans la démesure pour mieux appuyer son propos, on ne saurait trop condamner un tel projet, surtout quand celui-ci est mené par une vraie passion, à la fois pour son support et son sujet. Une expérience comme on n'en voit que trop peu.

afficheDonQuixote

En bref: Attendu depuis des lustres, "'L'Homme qui tua Don Quichotte" est un film fou, radical et mené de bout en bout par la vision d'un Gilliam illuminé, habité par son sujet. Imparfait mais mené avec bonne volonté et comédiens au diapason, ce récit unique à l'onirisme parfois déroutant vaut son pesant de cacahuètes. Pour tous cinéphiles!

Note: 15,4/20

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