Critique ciné: "Big Eyes"
A la fin des années 50, à l'aube de l'explosion de l'art commercial, Walter Keane à connu la gloire et la fortune avec une série de tableaux dépeignant des enfants aux yeux anormalement larges. Seul hic: le vrai artiste derrière les tableaux n'est nul autre que son épouse, Margaret...
Depuis dix ans, Tim Burton n'est pas vraiment en odeur de sainteté dans la sphère cinématographique. C'est toujours triste de voir un auteur doué se fait canarder à bout portant par les cinéphages et critiques qui l'avaient un temps porté aux nues. Et si "Big Eyes" ne risque pas totalement de redorer la street cred d'un cinéaste victime de ses succès, au moins a t-il le mérite de ne pas transpirer la parodique de sa patte par tous les pores. Retrouvant pour l'occasion ses scénaristes de "Ed Wood", Burton nous invite à replonger dans une Amérique de la fin des fifties aux couleurs pastel criardes, théatre chatoyant pour un biopic qui l'est beaucoup moins: celui d'une monumentale imposture artistique, précédant la montée du pop art. Si le sujet de la tromperie et de l'art en tant que forme de divertissement accessible semblent fasciner Burton, son exploration de ses personnages campés par Christoph Waltz et Amy Adams s'amuse également à gratter la couche de vernis qui couvre leur numéros. Il est dommage que le réalisateur, versant dans les arts plastiques, n'ait pas daigné s'attarder un minimum sur l'étrangeté fascinante des peintures dont il est question, et de leur rapport quasi-symbiotique avec son auteure esseulée. Il reste tout de même dans ce métrage les intentions louables d'un auteur qui s'est aseptisé, histoire de ne plus subir les foudres de ceux qui le taxent de se répeter.
En bref: Sans être le film qui va le racheter définitivement aux yeux du public et de la critique, le nouveau Burton demeure un métrage au sujet fascinant et aux interprétations poignantes. Dépouillé de ses artifices et de son style, le réal orchestre une descente aux Enfers artistique bien sage, propre et toute en couleur. Mérite le coup d'oeil.
Note :14/20