Critique ciné: "Transcendance" + "Ablations"

Scientifique spécialisé dans l'intelligence artificielle, Will Caster se retrouve victime d'une attaque terroriste perpétrée lors d'une conférence sur le sujet d'un ordinateur doué de conscience. Condamné à mourir d'un empoisonnement causé par la balle, Caster trouve recours dans une science expérimentale: transférer son esprit dans un ordinateur super-puissant. Aidé de son épouse et confrère, Caster applique ce qu'il nomme lui-même la "transcendance"...

Certains reprochent à Johnny Depp de donner dans les roles trop excentriques. Dans "Transcendance", il incarne carrément une super-machine. Manquait plus que ça. Premiere réal de Wally Pfister, chef de la photo de Christopher Nolan, ce thriller de science-fiction sur la menace des intelligences artificielles se croit plus malin qu'il ne l'est en réalité. Avec son script aux airs d'épisode rejeté de la "Quatrième Dimension", le film voit Ed Wood devenir immortel par le biais d'un transfert de sa conscience dans un ordi, le permettant d'éffectuer des opérations quasi-miraculeuses. Il n'en faut pas plus pour que la magie de l'informatique se subsititue aux hypothèses fictionnelles, et que Robo-Depp se créee l'équivalent d'un Disneyland, on comprend vite pourquoi certains veulent débrancher le larron. Il y'avait pourtant du potentiel dans un tel script, hélas, son traitement lacunaire n'ausculte pas son sujet avec assez de recherche et de sérieux. Les acteurs venus tirer leur chèque semblent aussi perdus que le spectateur, qui essaiera de ne pas piquer du nez durant des deux heures au rythme soporifique. Au final, on se souviendra du film pour avoir transcendé l'idée d'un bon métrage. Mais pas dans le bon sens.

Lorsque Pastor Cartalas se réveille au milieu de nulle part, sans souvenir des évenements de la veille, c'est pour découvrir avec effroi une cicatrice dans le bas de son dos. L'homme va vite apprendre qu'il a été victime d'une ablation clandestine d'un rein. Bien décidé à trouver le coupable, Pastor débute une troublante investigation...

Inquiétant, glauque et parfois absurde, "Ablations" est un de ces long-métrages follement chouettes qui risquent hélas de passer sous le radar. Dans cette intrigue signée par la moitié du tandem Kervern-Délépine, Denis Menochet trimballe sa carrure de rugbymen et son regard intense à a recherche des salauds qui lui ont piqué son rein. Commence pour l'homme une descente aux Enfers hautement psychologique, dans laquelle il joue tout ce qu'il possède, boulot et famille comprises, pour résoudre une affaire qui tourne à l'obsession maladive. En plus de malmener ses protagonistes à petit feu, le réal Arnold de Parscau agrémente son thriller de quelques scènes oniriques qui feraient baver un David Lynch, nous livrant certains plans esthétiquement plaisants. Si vous ne craignez pas les longueurs et la déroute d'un film made in France sortant des carcans habituels, courez vite y jeter un coup d'oeil.

En bref: Film aussi confus qu'étourdissant, "Transcendance" veut être un film de SF aussi malin qu'ambitieux, il est risible et peu engageant. Encore une fois, les prémices d'un scénario prometteur s'évaporent sous un traitement qui prend le tout au premier degré sans se rendre compte de la folie de l'ensemble. Le crash aux box-office du film n'est pas une surprise.  

Note: 12,5/20

En bref: "Ablations" est un thriller de qualité qui séduit par la fascination troublante de son sujet et les quelques fulgurances esthétiques qu'il propose. Un thriller très noir et ponctué de quelques moments d'absurdes, suivant les errances d'un homme qui perd tout pour récupérer une partie de lui-même. Vraiment pas mal!

Note: 14/20

Comments

[Roggy]

Je suis d'accord avec ton analyse sur "Transcendance". Un film qui a un pitch sympa mais qui ne va pas au bout de ses idées. Dommage.