Critique ciné: "Cloud Atlas"

Cinq siècles, cinq histoires, et tout autant de protagonistes qui se retrouvent, se déchirent, s'aiment et s'affrontent au fil de leurs pérégérinations historiques et réincarnations successives: un voyage au-delà de l'espace et du temps, qui lie ses héros aux fils de la toile cosmique...

Film attendu de pied ferme par les cinéphiles depuis son annonce et sa promo exceptionnelle, "Cloud Atlas" semblait etre le film qui donnerait un grand bond à la SF, et réconcilierait le public avec le cinéma de Tom Tykwer et des Wachowskis. Des cinéastes que tout semble opposer au premier abord, mais dont l'alliance des forces créatives sonne finalement comme une évidence: scénaristes / réalisateurs dont les carrières ont décollées avec leurs thrillers ayant pour héroines des femmes fortes (Cours, Lola, Cours / Bound) avant de continuer sur des projets personnels et de plus grandes envergures (Le Parfum / Speed Racer), ils font partie de cette poignée de créateurs qui arrivent à concilier volontés de gros films de studios et intentions autrement plus auteuristes. Les voici donc aux commandes d'une des machines filmiques les plus ambitieuses jamais mises en chantier, ne serait-ce que dans son concept quasi-Kubrickien: explorer par le biais de cinq histoires, se déroulant toutes dans des époques différentes, les destins entremelés de personnages aux destinées hors du commun et leurs repercussions sur l'évolution de l'Humanité. A la fois récit d'aventures exotiques, conte initatique, récit d'éveil engagé et comédie burlesque, le film segmente ses intrigues au travers de multiples étapes (découverte, rencontre, fuite, résistance...), qui une fois mise les unes avec les autres, forment, meme si ce n'est pas forcément évident dès les premières minutes, un tout cohérent. On pourra pester sur certaines séquences au ton naif, ses maquillages parfois grotesques et son montage trainant un peu trop sur certaines séquences au détriment d'autres. Mais il demeure au final que malgré ses quelques défauts, "Cloud Atlas" est un bien bel objet filmique. Un pas effectué vers une bonne direction: celle d'un cinéma repoussant plus loin les limites de ses formes de narration, pour offrir au-delà de sa première lecture de divertissement à grand spectacle, un début de réflexion phiosophique sur le devenir de l'Homme et sa connexion avec ses semblables.

En bref: Oeuvre formellement aboutie dont la démesure n'a d'égale que son ambition, et qui par sa nature de récit morcelé aux genres radicalement différents, devrait diviser une bonne partie des spectateurs, "Cloud Atlas" signe le retour en force de ses metteurs en scènes, qui signent un film sans concession, inspiré et nourri d'intentions humanistes. Pas le plus grand film concevable, mais déjà un début prometteur. Chaudement recommandable.

Note: 15,6/20