Critique ciné: "Les Kaira"

Originiares de Melun, Abdelkrim, Moustène et Momo forment un trio de lascars toujours dans la galère. N'ayant pas de boulot, pas de copine et des perspectives d'avenir au ras des paquerettes, les lascars trainent leurs savates dans la cité, jusqu'au jour où dans leur mensuel préferé, ils trouvent l'annonce d'embauche ultime: devenir une porn-star et profiter de tous les privilèges que cela implique. Bien décidés à se faire une nouvelle vie, ils partent pour Paris postuler pour un casting de film pour adultes...

Pure comédie populaire calibrée pour les jeunes, "Les Kairas" ne vas pas changer les préjugés et autres clichés des banlieues, toujours aussi ancrés dans la culture populaire, et ne va pas non plus redorer le blason du genre, avec son scénario de départ forcément loin d'etre traité avec pudibonderie. Mais force est de constater que son humour graveleux, son rythme quasi-agressif et ses vannes balancées à la seconde marchent drolement bien. Et pourtant. Au départ série à sketches déclinées en publicités, "Kaira Shopping" n'avait pas l'air destinée au premier coup d'oeil à continuer sur la voie du long-métrage. Mais le premier film de Franck Gastambide (auteur et interprète de Moustène) réussit le délicat exercice de l'adaptation, en étant à la fois fidèle au matériau d'origine et en poussant son concept au delà du simple gag pour donner une dimension à ses personnages. Il est dommage cependant que tout cela s'éssoufle et s'assagisse en deuxième partie de film, faute à un virage opéré à 360°, caractéristique des comédies signées Judd Apatow, dont le film ne cache aucunement l'influence. On reste néanmoins sur la bonne impression globable du film: une bonne comédie française bien allumée, avec son lot de caméos et de  surprises en tout genre, dont le facteur générationnel et les thèmes abordés peuvent toucher aussi bien jeunes loubards que moins jeunes.

En bref: "Les Kairas" s'impose comme un monument de comédie régressive, poussant toujours plus loin vers les sommets le potache et la débilité. A ne comparer en aucun cas avec la série dont il est tiré, le film donnant de l'épaisseur à son trio de lascars et leur donnant la chance de briller lors de quelques scènes formidablement hilarantes.

Note: 15,5/20